[CRITIQUE] Retour à Séoul

Temps de lecture : 2 minutes

Freddie, 25 ans, n’a jamais connu ses parents biologiques. Elle décide, sur une impulsion, de retourner en Corée du Sud pour partir à leur recherche.

Sélectionné à Un Certain Regard au Festival de Cannes 2022, le troisième film du cinéaste franco-cambodgien parle d’une histoire de racines. Qui sommes-nous ? Qu’est-ce que cela fait de ne pas connaître sa terre d’origine ? D’être une étrangère dans son propre pays ? D’être entre deux cultures, deux modes de vie, sans jamais réussir à totalement les rassembler ? Dans Retour à Séoul, Davy Chou dresse le portrait de Freddie, une jeune femme adoptée par un couple de Français. En venant à Séoul, sur un coup de tête, elle ne s’attendait pas forcément à partir à la recherche de ses origines. Pourtant c’est bien ce qui l’anime. Pour se retrouver elle-même, elle sent une poussée primordiale vers la raison de son abandon. Dans le rejet de l’autre et d’elle-même, Freddie est aussi à la recherche de sa place. Son évolution sur une dizaine d’années la montre meurtrie et en souffrance. 

Davy Chou retrace le parcours d’une de ses amies, Laure Badufle, qui a l’âge d’un an est adoptée par une famille française. Il l’accompagne pendant quelques mois quand elle retourne à Busan où il assiste à la rencontre entre elle et ses parents biologiques. C’est un fait assez commun en Corée du Sud de mettre à l’adoption ses enfants pour l’étranger. Il décide alors, avec son accord, de raconter son histoire et son ressenti. Park Ji-Min, une artiste plasticienne arrivée en France à 8 ans et qui n’avait jamais joué au cinéma, incarne Freddie. C’est une véritable révélation. Elle insuffle à Freddie une dimension plus féministe et plus intimiste que le scénario du cinéaste n’avait pas forcément. Elle respecte le personnage. La jeune femme s’éloigne bien évidemment de l’originale pour devenir un personnage de fiction à part entière. Freddie souffre et fait, un peu malgré elle, souffrir les autres autour d’elle. Elle ne peut comprendre l’abandon et la rencontre avec son père, qui regrette son geste, lui est douloureuse. La haine qu’elle lui porte est due à sa déception. Qu’attendait-elle de cet homme ? De ses parents ? Le rejet de sa mère est pourtant le plus fort et ce qui va la modeler et la faire évoluer. Le long-métrage aborde avec une certaine pudeur le vécu de Freddie. Dans une scène d’anthologie, elle danse dans un restaurant, laissant exprimer tout son mal-être et sa frustration. Cette scène est sans doute la plus juste de tout le film, qui ne parvient pas toujours à nous mettre en empathie avec son héroïne.

Film esthétique et rythmé, Retour à Séoul est une fresque intime sur le dégoût de soi et sur le besoin d’être accepté, à n’importe quel prix. Il s’agit également d’une belle évolution et le récit d’une émancipation.

Marine Moutot

Retour à Séoul
Réalisé par Davy Chou
Avec Park Ji-min (II), Oh Kwang-rok, Guka Han
Drame, France, Allemagne, Belgique, 2022, 1h59
Les Films du Losange
25 janvier 2023

Publié par Phantasmagory

Cinéma - Série - VR

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :