[CRITIQUE] Empire of Light

Temps de lecture : 4 minutes

1980. Le cinéma Empire situé dans le sud de l’Angleterre, est le théâtre de rencontres, d’histoires d’amour et de drame. La vie d’Hilary (Olivia Colman) est bousculée par l’arrivée dans l’équipe d’un jeune garçon captivant, Stephen (Michael Ward).

Après 1917 (2019), le réalisateur britannique Sam Mendes revient sur le grand écran avec un film à l’esthétique plus classique, Empire of Light.
Le film se déroule dans les années 80, dans le sud de l’Angleterre. Face à la mer, un immense cinéma, l’Empire, dirigé par un homme libidineux (Colin Firth) jouissant de son statut pour profiter de ses employées et notamment d’Hilary, femme à la santé mentale fragile. Si le film semble d’emblée débuter comme un nouveau récit sur le patriarcat et ses dérives, Mendes (qui a écrit seul le scénario, une première dans sa carrière) parvient assez subtilement a placé sur le devant de la scène d’autres thèmes qu’il traitera tout au long de son récit.

Empire of light est le récit d’une histoire d’amour improbable entre une femme d’âge mure et un jeune homme noir, mais c’est également – et surtout ! – le récit d’âmes exclues et de solitudes qui, au milieu de cet immense et sublime bâtiment qu’est le cinéma, vont se croiser, se comprendre et se soigner.

Dès les premières images, on comprend à quel point Hilary se sent seule et triste. Sa vie est répétitive, morne et seul son travail semble la garder en vie. Puis, dès le moment où Stephen arrive, tout semble s’illuminer : la musique résonne, Hilary retrouve le sourire et la lumière retrouve une place dans sa vie. Ce bonheur sera de courte durée. Mendes n’a, de toute évidence, pas souhaité raconter un conte de fée et pour cause, cela serait un énorme mensonge face à la réalité.
Nous sommes dans les années 80, sous l’ère Margaret Thatcher et certains skinheads se réapproprient l’Union Jack. Malgré les quelques avancées, le conservatisme et le racisme restent éminemment présents dans la société, un mal dont Stephen sera bien évidemment victime à plusieurs reprises dans le film. Sam Mendes réussit à faire résonner ce que subit Stephen avec ce que subit Hilary, notamment de la part de son supérieur (et des hommes, d’une manière générale). Tous deux victimes d’une société qui ne supporte pas les différences, ils devront se serrer les coudes pour survivre. 

Il arrive parfois que les réalisateurs, en voulant traiter de sujets “sensibles” mais importants, ratent le coche. À vouloir trop en dire, ils n’en disent en général pas assez.
Mendes ne tombent pas dans ce piège et traite à part égale, l’histoire de Stephen et le racisme qu’il subit et, la maladie mentale d’Hilary, et cela, sans sombrer dans le pathos.
Ce dernier thème, encore trop peu visible dans les films contemporains (et pourtant ô combien important), le cinéaste le manie avec délicatesse mais réalisme. Il peut également compter sur l’interprétation incroyable d’Olivia Colman. 

Empire of light est sans nul doute le film le plus intime du réalisateur britannique. Sa mère souffrant d’une maladie mentale, il trouvait souvent refuge au théâtre et au cinéma. Et cet amour pour les salles obscures et les images défilant sur un grand écran, il l’évoque également dans cette réalisation. Nous sommes loin des excentricités de Babylon et pourtant, la déclaration d’amour pour le 7ème art est beaucoup plus réussie. Dans Empire of light, comme dans la vie, le cinéma est un lieu magique, un lieu qui nous fait voyager, oublier le temps de quelques heures notre quotidien parfois difficile. Le cinéma est aussi un lieu de rencontre, de partage, de prise de conscience… Un lieu où se bousculent toutes sortes d’émotions. L’Empire de Sam Mendes nous rappelle à quel point le septième art peut s’apparenter à un exutoire et à une nécessité. Il nous remémore enfin – si le besoin s’en faisait ressentir – qu’il est particulièrement agréable d’être un.e spectateur.trice de cinéma. 

Camille Dubois

Empire of Light
Réalisé par Sam Mendes
Avec Olivia Colman, Michael Ward, Colin Firth, …
Drame, Grande-Bretagne, Etats-Unis, 1h59
The Walt Disney Company
Sorti en salle le 01 mars 2023

Publié par Phantasmagory

Cinéma - Série - VR

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