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Dans le Paris des années 30, Madeleine Verdier (Nadia Tereszkiewicz), actrice sans grand talent, se retrouve accusée du meurtre d’un grand producteur. Aidée de sa meilleure amie et avocate Pauline (Rebecca Marder), elle est acquittée pour légitime défense. Dès lors, sa carrière prend un essor considérable et cette réussite soudaine attise la jalousie d’Odette Chaumette (Isabelle Huppert), grande actrice au temps du cinéma muet, quelque peu oubliée
En adaptant très librement une pièce de Georges Berr et Louis Verneuil, François Ozon renoue avec ce style théâtrale qui avait fait son succès (notamment avec 8 Femmes, 2002). Mon crime commence comme un polar des années 50 : un femme fuit, un homme meurt.. Mais est-elle coupable ?
Le film débute laborieusement. Le rythme n’est pas le bon et on a bien du mal à comprendre où Ozon veut nous embarquer. Les personnages sont grossièrement présentés et dessinés, parfois même un peu trop clichés. Ce n’est que la scène du procès passée (séquence étonnement courte pour un film intitulé Mon crime) que l’œuvre s’emballe enfin, et ses acteurs et actrices avec. Le récit et les personnages gagnent en consistance et donc en intérêt, tout comme le film qui entame un chemin plus sinueux qu’on attendait.
Mais le point d’orgue reste l’arrivée tonitruante d’Isabelle Huppert qui fait définitivement preuve d’une liberté et d’une énergie inégalable lorsqu’elle tourne pour le cinéaste. Elle avait marqué les esprits en jouant la sœur coincée de Catherine Deneuve dans 8 Femmes. Ici, elle campe le rôle d’une vieille gloire du cinéma muet, Odelle Chaumette, directement inspirée de la grande Sarah Bernhardt. Huppert tient à la perfection ce rôle de l’ancienne actrice en recherche de reconnaissance et son apparition offre un second souffle au film. Selon les dires du réalisateur, l’actrice souhaitait que son personnage apparaisse plus tôt dans le récit ; Demande à laquelle Ozon aurait répondu par “Lorsqu’elle arrivera, on ne verra qu’elle”. Il ne se trompe pas. Nadia Tereszkiewicz perd un peu de sa contenance face au monstre Huppert. Rebecca Marder s’en tire un peu mieux, sans doute par le lien particulier que le réalisateur établit entre son personnage et celui d’Odette Chaumette.
Dans cette deuxième partie de film, Ozon tente également de se détourner un peu des caricatures qu’il avait pourtant dessiné dans un premier temps, apportant au récit une dose de bonnes surprises.
L’une des choses qu’on peut reprocher à Mon crime, c’est son discours féministe parfois grossier. Si les dialogues sont efficaces – particulièrement lors de la séquence du tribunal – ils manquent parfois un peu de subtilité et penchent trop vite vers l’évidence. Néanmoins, ce féminisme évident – qui n’est pas nouveau chez ce cinéaste français – lui permet ici de montrer la force de la sororité. Si les femmes de Mon crime passent parfois par le jeu de la manipulation, c’est pour survivre face à des hommes ayant les pleins pouvoirs. Seules, elles ne sont rien. Ou plutôt, elles ne sont que des victimes. Lorsqu’elles s’allient, elles prennent le pouvoir et décident de leur avenir.
Quelque peu inégal mais drôle, Mon crime est un film dans la veine de 8 Femmes ou de Potiche (2010). Et une fois de plus, Ozon nous prouve – s’il en était encore besoin – qu’il est l’un des meilleurs réalisateurs français de “comédies de mœurs”, mais également, que sous sa direction, les acteurs réalisent des performances exceptionnelles. A noter également que ce film est l’occasion pour lui de rendre hommage à Danielle Darrieux qu’il avait fait tourner quelques années plus tôt dans 8 Femmes.
Camille Dubois
Mon crime
Réalisé par François Ozon
Avec Nadia Tereszkiewicz, Rebecca Marder, Isabelle Huppert, Danny Boon…
Comédie, France, 1h42
Gaumont
Sorti en salle le 08 mars 2023
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