[CRITIQUE] La Belle Verte

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Sur une planète évoluée vivent en harmonie des êtres humains et la nature. Pendant leur réunion annuelle pour envoyer en excursion quelques-uns d’entre eux, Mila accepte d’aller sur Terre, planète délaissée depuis 200 ans, car peu développée. Mila atterrit à Paris, dans la pollution, le bruit et les odeurs.

En 1996, Coline Serreau, déjà connue pour Trois hommes et un couffin (1985), scénarise et réalise La Belle verte, une fable utopiste. Écologie, féminisme, relation humaine, intérêt de l’autre, rapport à l’argent, ce film est un véritable traité contre notre société actuelle — qui n’a d’ailleurs pas beaucoup changé : nous sommes encore sur nos ordinateurs à nous préoccuper de nos biens matériels plus que de nous intéresser à l’autre et à la nature. Avec beaucoup d’humour et de délicatesse, la cinéaste française propose ici de déconnecter les êtres humains pour leur montrer le chemin de la vérité. 

Coline Serreau interprète Mila, mère de quatre enfants qui accepte de partir sur Terre. Cette femme de plus de 200 ans est née d’une mère terrienne, que son père avait rencontrée pendant son expédition. Mila veut ainsi connaître ses origines. Quand elle arrive à Paris, sa stupeur est énorme : alors qu’elle s’attend à découvrir des gens en flanelle et chaussons de chèvre, elle trouve de grands arbres, très grands et des voitures. Beaucoup de voitures. Le bruit, la pollution, les odeurs sont infects pour cette femme qui n’a vécu qu’au grand air. Avec justesse, elle décrit les tares de notre société. En visionnant le film aujourd’hui nous ne pouvons que constater à quel point nous avons régressé. L’évolution promise par la technologie paraît bien fade à côté du monde de la Belle verte décrit par Serreau. Les habitants de cette planète, en plus d’être en symbiose avec la nature, peuvent communiquer et voyager grâce à leur cerveau. La véritable force de l’être humain est ainsi, non pas d’être assisté.e par des machines, mais de se servir de ses propres capacités pour évoluer. Le contraste entre les deux modes de vie est frappant : l’un célèbre le silence, l’autre le bruit. L’un la nature, l’autre le métal. L’un la communication et l’autre l’argent. Dans l’incapacité de manger sur Terre — la nourriture est trop modifiée et peu naturelle —, Mila doit trouver des bébés. En échangeant de l’affection, elle et l’enfant se nourrissent mutuellement. Elle rencontre alors Macha — interprétée par une jeune Marion Cotillard — et Max, chef du service de la maternité — Vincent Lindon, excellent. Si elle n’a pas besoin de déconnecter Macha, Max est quant à lui dans le déni total. C’est surtout à travers Max, fraîchement déconnecté, que la cinéaste montre l’absurdité des relations humaines sur Terre. Loin du partage et de l’amour — pourtant si pur — les femmes et les hommes sont dans le mensonge, la tromperie et le mépris. Dans une séquence assez hallucinante où un homme incendie Max, car son rétroviseur a été touché, Vincent Lindon d’abord suppliant se met à prendre pitié de l’automobiliste ironiquement. Mais la grande leçon du film reste que l’amour est de partout si nous ouvrons les yeux. La cinéaste, qui compose également la musique, offre un long-métrage heureux, drôle et émouvant qui touche juste. 

Nous aimerions aussi pouvoir déconnecter les gens, les rendre un peu plus ouverts et plus humains. Nous aimerions pouvoir changer le monde et voir la vie comme les habitants de la Belle Verte la voient. Cette utopie, Coline Serreau l’a proposée il y a presque 25 ans, pourtant elle est plus que jamais, un but à atteindre.

Marine Moutot

  • La Belle verte
  • Réalisé par Coline Serreau
  • Avec Coline Serreau, Vincent Lindon, Marion Cotillard
  • Comédie dramatique, France, 1h39, 1996
  •  Agence Méditerranéenne de Location de Films (A.M.L.F.)
  • Disponible sur Canal VOD, UniversCiné et Orange

Publié par Phantasmagory

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