[CRITIQUE] Petit Vampire

Temps de lecture :  3 minutes

Le temps est long quand on a 10 ans depuis 300 ans… Petit Vampire s’ennuie beaucoup dans la grande maison qu’il hante avec ses parents et amis monstrueux. Lui, il voudrait voir le monde, ou au moins aller à l’école et avoir des amis. Avec l’aide de son fidèle Fantomate, il va braver les interdits et sortir ! Il rencontre alors Michel, lui aussi a 10 ans (juste depuis cette année). Mais leurs frasques vont attirer l’attention du grand méchant Gibbous.

Quatrième réalisation pour Joann Sfar et retour à l’animation après Le Chat du Rabbin (2011) avec cette adaptation de sa célèbre saga dessinée, Petit Vampire tombait à pic ! La saison était parfaite – vacances, Halloween et période intense pour le cinéma jeune public – mais malheureusement la situation sanitaire s’est aggravée. Heureusement, le distributeur StudioCanal a décidé de maintenir la sortie de ce film qu’on attendait depuis longtemps.

Égal à lui-même, le jeune vampire est extrêmement blasé et c’est ce qui le rend aussi attachant. L’ennui de l’enfance, on sait ce que c’est, et c’est d’ailleurs aussi tellement énervant d’être incompris des adultes. Le manoir, malgré ses pièces surprenantes – une salle de torture, un bateau pirate, une salle de cinéma -, une fois qu’on en a fait le tour – surtout pendant 300 ans -, ce n’est plus trop impressionnant. 

Comme dans la bande dessinée, les monstres sont de chouettes personnages. Il y a le benêt au grand coeur Marguerite, petit cousin de la créature de Frankenstein, Ophtalmo, créature aux multiples yeux, et Claude, le crocodile chtimi. Et évidemment, le fidèle compagnon canin et grognon du héros : Fantomate, le bouledogue rouge. À noter d’ailleurs que le très beau travail sur les accents fait une grande partie du charme de ces créatures – notamment celui du chien ! Alex Lutz, Camille Cottin et Jean-Paul Rouve ont su donner corps – et personnalité – à leurs personnages.

Par la rencontre et l’amitié, un monde nouveau s’offre à Petit Vampire et on l’apprécie tout autant que lui. Comme Michel, on s’émerveille en plein “cache-cache peinture” dans ce manoir fantastique digne de Poudlard ! Les références artistiques font d’ailleurs plaisir à voir (un bon jeu pendant la séance). Un squelette inspiré du Cri qui s’exclame : “il a perdu la boule !” lorsque Petit Vampire tente de s’échapper, c’est tout de même savoureux. On ne peut s’empêcher de sourire à la mention de grands classiques du cinéma de genre : Frankenstein et le monstre de l’enfer, Le masque de la mort rouge, Les cicatrices de Dracula… Des monstres qui font leur ciné-club, superbe idée ! D’autant que Marguerite n’a pas tort lorsqu’il sanglote : “pourquoi les monstres ils perdent toujours ?

Film sur l’amitié, l’enfance et la différence, Petit Vampire sonne juste au premier abord. Dommage que les personnages féminins – trois en tout : Pandora, la maman de Petit Vampire, la figure de proue du navire – femme-buste -navire – femme-buste – et la copine de Michel – ne soient pas plus complexes et aussi intéressants que leurs homologues masculins. Pandora, mère par essence, ne cesse de s’ancrer dans ce rôle en devenant une figure maternelle pour Michel. Elle doit aussi , mère par essence, ne cesse de s’ancrer dans ce rôle en devenant une figure maternelle pour Michel, orphelin. Elle doit aussi toujours être défendue – c’est d’ailleurs là le fil conducteur de l’intrigue et de la vengeance du Gibbus.. Les querelles entre cette dernière et la figure de proue deviennent rapidement énervantes – débats sans fin sur l’attachement du Capitaine à l’une et à l’autre. Et les remarques sur leur physique sont récurrentes – oui, elles sont toutes les deux séduisantes, on a compris. Là où le film semblait contredire le conte de fées en empêchant le prince d’épouser la princesse, il reproduit en réalité un schéma malheureusement “classique”. Et même lorsque Petit Vampire ébauche un discours sur le consentement – tout à fait à propos -, il le contredit aussitôt en laissant une figure masculine prendre le beau rôle et sortir une nouvelle fois gagnant et accompagné – en couple – malgré ses récents comportements douteux. 

Bien dommage car Petit Vampire possède une belle énergie, un univers riche et beaucoup d’humour.

Manon Koken

  • Petit Vampire
  • Réalisé par Joann Sfar
  • Avec les voix de Camille Cottin, Alex Lutz, Jean-Paul Rouve
  • Comédie, Animation, France, 1h21
  • 21 octobre 2020
  • Studio Canal
  • A partir de 7 ans

Publié par Phantasmagory

Cinéma - Série - VR

8 commentaires sur « [CRITIQUE] Petit Vampire »

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